La région à l'extrémité nord-ouest de la mer Adriatique, où se jettent plusieurs fleuves issus des Alpes, est habitée dès l'Antiquité par des pêcheurs, mariniers et sauniers. Cette zone faisait partie de la région X créée par Auguste ; Aquilée — sur la terre ferme — était le centre religieux et portuaire important. Les invasions des Goths d'Alaric Ier et des Huns d'Attila poussent les populations locales à se réfugier dans les îles des marais situés le long de la mer Adriatique, près du delta du Pô. En 452, un premier établissement est fondé par des réfugiés de Padoue et d'Aquilée. La région fut intégrée, par la suite, au royaume des Ostrogoths puis reconquise avec le reste de l'Italie par l'Empire romain d'orient sous Justinien Ier. La ville de Venise a été fondée vers la fin du VIe siècle par des habitants des régions voisines venus se réfugier en nombre dans les îles de la lagune formée par l'estuaire du Pô après l'invasion de l'Italie du nord par les Lombards en 568. En effet, cette zone marécageuse était restée sous la juridiction de l'exarchat de Ravenne, donc en dépendance théorique de l'Empire romain d'Orient. Elle fut donc un avant-poste de la civilisation byzantine, mais au fur et à mesure de son développement, la volonté d'autonomie s'accrut jusqu'à aboutir à l'indépendance. La faiblesse de l'exarchat de Ravenne face aux Lombards favorisa l'émergence d'un pouvoir local incarné par le premier duc ou « doge », Paolucio Anafesto (697-717), personnage aux confins de la légende et de l'histoire. La ville de Venise ne devint réellement indépendante qu'après le départ des Byzantins d'Italie du nord. La cité-État s'appuya sur la mer pour étendre son pouvoir.
Le dynamisme commercial entraîna une forte croissance de la ville. Il fallut conquérir des terres sur l'eau pour étendre la surface urbaine. Au XIVe siècle, Venise était le plus important port de Méditerranée et sûrement du monde. Après environ 1000 ans d'indépendance, Venise fut conquise par Napoléon Bonaparte le 12 mai1797, durant la première coalition. L'invasion des Français mit ainsi un terme au siècle où Venise connut l'apogée de son rayonnement, en devenant la ville européenne la plus élégante et raffinée du XVIIIe siècle, avec une forte influence sur l'art, l'architecture et la littérature. En revanche, Napoléon fut perçu comme une sorte de libérateur par la population juive de Venise. Il supprima les barrières du Ghetto ainsi que les restrictions de circulation imposées aux Juifs. À la fin de l'époque napoléonienne, Venise devint partie intégrante du royaume d'Italie, sous l'autorité autrichienne, par la ratification du Traité de Campo-Formio en octobre de cette même année 1797. L'Autriche remit la Vénétie à l'Italie le 3 octobre 1866 pour la remercier de son soutien dans la guerre qui l'opposa à la Russie. Venise depuis n'est plus qu'un chef-lieu de province au sein de l'Italie.
Géographie et transports
Venise occupe une situation géographique exceptionnelle, dans une lagune de la mer Adriatique. Les principales autres îles de la lagune sont : le Lido, Murano, Burano, Torcello. Sans oublier : San Michele (l'île cimetière de la ville), San Erasmo, Mazzorbo, Le Vignole, Certosa, San Francesco del Deserto, San Giacomo in Paludo, San Servolo, San Lazzaro degli Armeni, Giudecca. La ville est parcourue par plus de 160 canaux et s'étend sur cent dix-huit îles situées entre l'embouchure de l'Adige (au sud) et du Piave (au nord). Le centre historique est entièrement piétonnier, les canaux faisant fonction de route, et les divers bateaux sont l'unique moyen de transport avec la marche à pied. Venise est une ville contre nature, constatait déjà Chateaubriand. Au XIXe siècle, un pont ferroviaire relie Venise au continent et une gare y est construite. Au XXe siècle, une liaison routière fut également établie, menant à un grand parking en périphérie nord. Malgré ces aménagements, Venise demeure au XXIe siècle la seule ville de taille importante à être libre d'automobiles et de camions. Le transport individuel traditionnel est la gondole vénitienne, bien qu'elle ne soit quasiment plus utilisée que par les touristes ou pour des occasions particulières (cérémonies, mariages et enterrements). Son coût est en effet prohibitif. Les Vénitiens utilisent surtout des bateaux-autobus, appelés vaporetto, qui desservent les différentes îles en sillonnant les principaux canaux. Il existe également nombre d'embarcations privées. Les seules gondoles non motorisées encore fréquemment utilisées sont les traghetti, des bacs pour piétons qui traversent le Grand Canal à quelques endroits dépourvus de pont. Venise est desservie par l'aéroport international Marco Polo, en l'honneur de cet ancien et célèbre citoyen vénitien. L'aéroport est situé sur le continent et a été reconstruit à l'intérieur des terres, de sorte que les visiteurs doivent prendre le bus puis un bateau-taxi ou un bateau-bus pour se rendre dans la ville.
La lagune de Venise
L'Avenir de Venise
Les bâtiments de Venise sont construits sur des piliers de bois, qui traversent plusieurs couches d'argile et de sable. Les fondations reposent sur ces piliers, et les bâtiments de brique et de pierre d'Istrie sont construits au-dessus. Ils sont exposés à la menace de marées, notamment entre l'automne et le début du printemps. La ville est périodiquement inondée. C'est ce que les vénitiens appellent acqua alta. Ce phénomène a toujours existé, mais s'est largement amplifié ces dernières décennies sous l'influence conjuguée de plusieurs causes relatives au climat et à l'activité humaine : la montée générale du niveau des mers (eustatisme) ; l'affaissement du sol (subsidence) : d'importants puits ont été creusés au XXe siècle pour pomper dans la nappe phréatique, ce qui a fragilisé les terrains déjà instables ; les perturbations dans l'hydrographie : la modernisation du port a entraîné le creusement de chenaux profonds pour permettre le passage de gros navires. La mer s'engouffre ainsi beaucoup plus facilement dans la lagune. Outre le phénomène des acque alte (les inondations vénitiennes), l'autre impact est la modification du système écologique, la disparition de la biodiversité marine. Enfin, depuis la chute de la République (en 1797), l'habitude (en fait une obligation que faisait respecter la Magistrature des Eaux qui existe encore en tant qu'institution chargée de surveiller tout ce qui a trait à l'eau) pour les vénitiens, de nettoyer les canaux pour les désenvaser et les vider s'est perdue ce qui a réduit la profondeur de ces canaux du centre historique. Depuis quelques années, la municipalité fait procéder de nouveau à ce curage qui permet d'ores et déjà de contribuer à la baisse du niveau des eaux dans certains quartiers, les canaux retrouvant leur pleine capacité sont mieux à même de contribuer à la diffusion des eaux. Les conséquences sont importantes dans la vie quotidienne des habitants, qui doivent abandonner les niveaux inférieurs des maisons et emprunter des systèmes de passerelles pour se déplacer. Mais les conséquences les plus importantes sont la détérioration inexorable des monuments historiques et de l'habitat due à la montée des eaux et l'apport qui s'en suit de produits nocifs à la pierre et à la brique. On ne sait pas mesurer avec précision l'affaissement de Venise, et son évolution est un sujet de controverse. La dernière initiative, initiée par un consortium d'industriels italiens, consiste à poser 79 portes mobiles dans les trois passes de la lagune pour protéger la ville. Ces portes, en temps normal, seraient remplies d'eau et lors des marées supérieures à un mètre, elles évacueraient cette eau en faisant pénétrer de l'air, ce qui aura pour conséquence de dresser les portes. Ainsi la lagune sera séparée de la mer par une véritable barrière. Le projet, nommé MOSE (Module expérimental électromagnétique) a démarré en 2003 et les travaux doivent se poursuivre jusqu'en 2011. Il suscite aujourd'hui de nombreuses polémiques notamment au vu de son coût pharaonique et du doute de plus en plus répandu parmi les scientifiques et les spécialistes des marées sur l'efficacité effective de ce système qui ne serait réellement utile que pour les très grandes marées.
Pascal Lecocq
La Gondole
La gondole n'a pas toujours été comme nous la connaissons aujourd'hui. Au début les gondoles n'avaient pas de signes particuliers qui auraient pu les rendre plus facilement distinguables des embarcations lagunaires. Légère et maniable, sa proue et sa poupe étaient décorées à leurs extrémités par des pointes métalliques, stade embryonnaire des "feri" (fers). La gondole était symétrique, contrairement à aujourd'hui, à fond plat. La "forcola" (tolet), ce morceau de bois qui soutient la rame et qui permet ainsi la propulsion de la gondole, était une planche en bois avec deux entailles beaucoup plus simples de celles que l'on peut maintenant apercevoir. Le tolet était développé en trois dimensions. La gondole que vous rencontrez sur les eaux de la lagune est longue de come 10.80 m, presque deux mètres plus longue qu'il y a 500 ans (on suppose que les gondoles du XVIe siècle étaient composées de deux rameurs). L'asymétrie actuelle semble due à des raisons économiques : le but étant de n'utiliser (et donc de payer) qu'un seul rameur, au lieu de deux.
Ramer à la vénitienne: D'habitude une gondole est poussée par un seul homme, même si durant l'antiquité, les rameurs étaient au nombre de deux pour des raisons de rapidité. Le rameur se tient debout en poupe avec la rame du côté droit. Le gondolier s'appuie sur sa rame avec tout son poids durant la rame en avant. De cette façon pourtant, l'embarcation tend à tourner sur le côté. Durant la phase de retour, la rame reste cette fois sous l'eau, pour être à nouveau soulevée durant la phase finale, puis replongée une nouvelle fois en avant. Le point d'appui est le tolet : un morceau de bois incurvé où s'appuie la rame.
Vittore Carpaccio
L'historique des ponts de Venise
Que ce soit le pont du Rialto ou le pont des Soupirs, Venise est aussi célèbre par ses ponts que par ses gondoles, palais et églises. Avec plus de 400 ponts pour une aussi petite surface, il y a en effet de quoi marquer les esprits.Et chacun des ces ponts possède une histoire bien particulière, que ce soit l'origine du pont des soupirs ou bien celle du pont du Rialto, totalement opposées quand à leurs usages et motivations, cette histoire est toujours passionnante.A l'origine il n'y avait quasiment pas de ponts à Venise, au mieux des passerelles de bois sans marches dont la construction et l'entretien étaient à la charge des voisins. A cette époque, on se déplaçait surtout à cheval à Venise.Puis les transports de marchandises et de personnes se firent majoritairement par bateau, ce qui eu pour conséquence le commencement de la construction de véritables ponts. Des ponts qui devaient être suffisamment bombés et hauts pour que les barques et les gondoles puissent passer par dessous. Mais dans le même temps, ces ponts devenus plus arqués et de plus pourvus de marches n'étaient plus adaptés aux chevaux qui disparurent comme moyen de transport et de déplacement au coeur de Venise.
Wagner Bottaro
Le Pont du Rialto
Le Pont du Rialto (Ponte di Rialto) est l'un des trois ponts qui traverse le Grand Canal de Venise, avec le Pont de l'Académie (Ponte dell'Accademia) et le Pont des Déchaussés (Ponte degli Scalzi)[1]. Le Pont du Rialto est cependant le plus ancien et certainement le plus célèbre d'entre eux et un des monuments les plus visités de Venise. Il constituait jusqu'au XIXe siècle l'unique liaison entre les deux parties de la ville, reliant les sestieri de San Polo et de San Marco. Après l'écroulement de 1444, on réédifia une structure en bois avec un passage entre deux rangées de boutiques et une partie centrale mobile pour permettre le pasage des navires. Au début du XVIe siècle, la République souhaita le reconstruire et demanda des projets à Sansovino, Palladio et Michel-Ange mais suite à un concours, le travail fut confié au bien nommé Antonio da Ponte qui assura la reconstruction du pont en pierre d'Istrie de 1588 à 1591. Le pont actuel, à arche unique sur le Grand Canal de 48 mètres, offre trois passages piétonniers, un au centre entre deux rangées de boutiques installées dans six arches à la montée et six arches à la descente, et deux de chaque côté des boutiques. Les trois allées piétonnières se raccordent au centre du pont par deux arches de plus grandes dimensions. Sur les reliefs de chaque côté du pont, on peut voir les deux saints patrons de la ville, Théodore et Marc.
John Mc Kenzie
Ruelles et canaux
Au-delà de la visite de ses hauts lieux culturels, Venise mérite que l'on prenne le temps de s'imprégner de l'atmosphère particulière de ses ruelles jalonnées de canaux. Sitôt dépassée la limite de ses quartiers les plus fréquentés - place Saint-Marc, pont du Rialto et rues séparant les deux - l'ancienne cité des Doges révèle en effet un visage paisible, seulement troublé par le mouvement lent et silencieux des gondoles. Se perdre au hasard des ruelles de la ville est l'occasion de découvrir cette autre facette de Venise, rendue mystérieuse par l'aspect tortueux des lieux, la faible lueur des éclairages et les ombres s'échappant des recoins des façades baroques.
Les puits et les margelles de puit
Pour se ravitailler en eau, les habitants de Venise utilisaient les puits. Les nappes d'eau douce étant inexistantes, ils avaient un ingénieux système pour se la procurer. Sur les places où vous trouverez la margelle d'un puit, vous verrez que sur les côté se trouvent deux ou quatre bouches d'égout. Grâce à ces bouches, l'eau de pluie était canalisée dans une citerne en argile, une matière imperméable, remplie de sable qui servait de filtre. L'eau était recueillie à travers le tuyau central, qui se trouve sous le puit, afin d'être remontée grâce à des seaux. Cependant l'eau des puits ne suffisaient pas à tous les habitants, des habitants qui étaient obligés de se faire livrer l'eau provenant du fleuve Brenta par de gros bateaux.
Michel Galet
La place Saint-Marc
Si ses détracteurs trouvent la place Saint-Marc résolument touristique (ce qui est vrai) et trop fréquentée par les pigeons (ce qui est tout aussi vrai), il n'en demeure pas moins que la plus célèbre place de la cité des Doges abrite l'un des joyaux architecturaux de la ville: la basilique Saint-Marc. Mélangeant les styles, la basilica di San Marco fut embellie et remaniée cinq siècles durant jusqu'à atteindre le résultat visible aujourd'hui, qui emprunte aux époques romane, Renaissance et surtout byzantine. Ses plans d'origine, établis vers 1060, s'inspiraient de l'église des Douze-Apôtres de Constantinople (Istanbul), détruite par la suite. La basilica di San Marco est caractérisée par sa forme de croix grecque, ses 5 dômes et les exceptionnelles mosaïques de sa façade. Devant la basilique, la gigantesque place rectangulaire du même nom, dominée par la tour de l'horloge, est ceinte d'arcades et piquetée de terrasses de cafés. La place Saint-Marc est l'un des lieux les plus animés de la cité des Doges, surtout pendant le carnaval.
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